Les Epoques
Les dates données ci-contre sont relatives car la datation restent un sujet épineux pour les égyptologues.
Chronologie sommaire des temps préhistoriques à la fin de lAncien Empire :
De -5000 à -4000 avant J.-C. | Les peuples nomades se sédentarisent. Des échanges commerciaux se créent entre lEgypte et la Nubie. |
Vers -3600 | Deux royaumes se créent en Egypte : royaume du Sud et royaume du Nord. |
En -2920 | Narmer, roi du Sud, unifie les deux royaumes. La capitale est This, près dAbydos. Début de la 1ère dynastie. |
De -3000 à -332 | Trente dynasties de pharaons se succèdent. |
De -2780 à -2260 | Ancien Empire : Dynasties III à VI |
-2630 | Construction de la pyramide à degrés de Djoser à Saqqarah. Les Egyptiens commencent à exploiter les mines dor. |
De -2550 à -2472 | Construction des pyramides de Gizeh : Kheops, Khephren, Mykérinos. |
![]() |
Première période de lhistoire de lEgypte
ancienne, correspondant aux règnes des souverains qui
composent les deux premières dynasties (vers 3200
2780 av. J.-C.), la ville de This étant la capitale
administrative dalors. Lhistoire la plus ancienne de lEgypte nest pas facile à reconstituer. Certes les documents ne font pas défaut. En plus des listes de Manéthon, déjà mentionnées, on possède, rédigées par les Egyptiens eux-mêmes sous la XIXe dynastie, des énumérations partielles de rois, dont il a «été également question plus haut. Un peu plus ancienne, puisquelle remonte à Thoutmosis III, est la liste donnée par la Chambre des Ancêtre, au musée du Louvre, mais elle noffre quun choix restreint de noms, et aucun en tous qui appartienne aux trois premières dynasties. |
A côté de cette documentation, livresque pourrait-on dire, on en possède une archéologique, qui va en saccroissant dannée en année depuis les fouilles des tombes royales dAbydos, commencées par Amélineau en 1897 et continuées ensuite par Petrie. Dautres sites dépoque thinite ont fourni leur apport. On est maintenant en possession dun ensemble considérable de stèles, vases, empreintes de sceaux, tablettes en ivoire ou en bois, qui livrent les noms des premiers monarques qui régnèrent sur lEgypte et, par des rapprochements et des comparaisons, se laissent ordonner chronologiquement.
A première vue, la confrontation de ces noms avec ceux des sources écrites est déconcertante : ils ne paraissent pas concorder. Pourtant, à y regarder de plus près, certains dentre eux offrent des ressemblances évidentes. On peut alors dans quelques cas justifier leur déformation par des confusions dues à lignorance où, passée lépoque thinite, les scribes égyptiens se sont trouvés des conventions spéciales à lécriture archaïque. Sur celles-ci du reste nous hésitons encore nous-mêmes puisque nous ne savons pas avec certitude sil convient de lire Djet ou Ouadji, Den ou Oudimou, Mounéter ou Ninéter. De plus, les copistes grecs qui ont transmis le texte de Manéthon ont pu aussi se tromper dans lorthographe de noms qui les embarrassaient par leur étrangeté. Enfin, dans le cas où ces explications viennent à faire complètement défaut, il reste la ressource de supposer quon se trouve en présence de deux noms différents du même roi : celui de naissance dune part et celui dintronisation comme Horus dautre part. Cest en particulier la solution quon penche à adopter pour le premier roi de la première dynastie, Narmer-Menès.
Les souverains thinites établirent solidement, et de manière durable, les bases de ladministration centrale et provinciale de leur nouveau royaume. Ils développèrent léconomie en créant un important réseau de canaux dirrigation, favorisant les cultures déjà traditionnelles : blé, orge, vigne notamment. Ils affermirent leur pouvoir et organisèrent des expéditions à but économique en Nubie (jusquà la 2ecataracte). Ils établirent les bases idéologiques de la nouvelle royauté, en lassociant étroitement aux divinités, la plaçant, entre autre, sous le patronage du faucon Horus ; ils bâtirent des temples, célébrèrent des fêtes rituelles (les Annales sculptées sur la pierre de Palerme nous renseignent à ce sujet). Déjà, premier de tous les pharaons, le roi Narmer (peut-être le légendaire Menès), originaire de la ville dHiéraconpolis (en Haute-Egypte), pressent lintérêt politique et stratégique dune ville qui serait située à la jonction de la Haute et de la Basse-Egypte, à la pointe du Delta : il fonde Memphis. Sculpteurs, dessinateurs, joailliers acquièrent la maîtrise de leur art. Cest laube du « miracle égyptien ». La nécropole, proche, dAbydos comprend les cénotaphes de ces rois, dont les tombeaux véritables, ainsi que ceux de leurs courtisans, ont été retrouvés à Saqqarah (près de Memphis).
Ancien Empire ou Epoque Memphite :
![]() |
De la IIIe à la VIe dynastie, cette époque couvre une période allant de 2780 à 2260 av. J.-C. Dans les nécropoles princières, sous limpulsion du roi Djoser et de son ministre Imhotep, la brique cède le pas à la pierre. Et sur la pierre, dans les temples funéraires et dans les mastabas, on écrit et on dessine beaucoup (formules funéraires, biographies, scène de la vie quotidienne). Trop rare à lEpoque Thinite, la documentation devient énorme : on peut analyser la structure sociale, sonder les croyances, apprécier les arts et techniques du « Temps des pyramide » car désormais les rois sont enterrés dans des pyramides, colossales au début de la IVe dynastie, avec Snéfrou, Kheops et Khephren, plus humaines à partir de Mykérinos, sous les « fils de Rê » de la Ve dynastie (Sahourê, Néouserrê, Ounas, etc.), puis sous les Pépi de la VIe dynastie. |
LAncien Empire apparaît comme lachèvement idéal de la civilisation pharaonique. Peu importe quon ne connaisse à peine lhistoire anecdotique, la légende y a pourvu. Ses papyrus ont disparu (sauf quelques paperasses administratives), mais les scribes postérieurs ont recopié ou adapté les sagesses et les recettes médicales du temps. Il subsiste sous nos yeux dans les cimetières de Gizeh et de Saqqarah, non loin de Memphis et dHéliopolis, ses métropoles. Splendeur, ordre, calme et beauté, une pyramide classique. Au faîte, un souverain autocrate qui témoigne une bienveillance dhomme pour les siens, mais qui est le moteur de lEtat et du monde par sa nature divine. Autour de lui, une cour de parents et de fonctionnaires choisis par lui se groupe dans la résidence, en cette vie et dans lautre. A considérer la densité des monuments dans la région memphite, cur de lEgypte , et la médiocrité des cimetières de province, on croirait voir la gloire de Versailles écrasant un pays peuplé de cases et de huttes. Il y a un peu de cela : la centralisation administrative et bureaucratique triomphe. Les meilleurs artistes, dûment rétribués, les prêtres des morts dotés de rentes foncières, la scribaille de second ordre, les cultivateurs bénéficiant dimmunités royales forment autour de Memphis la clientèle des grands. A travers les marais et les champs, saffaire le petit peuple qui trouve sans doute un peu lourd le poids de la pyramide, mais qui sait que la vie ne serait pas, sans le sorcier royal. Toute cette activité qui, de bas en haut et de haut en bas, crée le sol fertile et lâme collective de lEgypte, reste insulaire. L « empire » nest pas impérialiste : les commissaires royaux vont « casser les barbares » et récolter les trésors du désert, mais le royaume, comme comblé de son avance, renonce à sétendre au dehors. Au soir de lAncien Empire, les provinces saffirmeront, les clients voudront être patrons, « la terre entière » sera entraînée dans la révolution.