Les Supports de l'Histoire
Barques sacrées ou barques solaires :
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Allégories mystiques des barques relatées dans la cosmogonie égyptienne. On rapporte communément qu'elles symbolisaient le grand voyage des défunts, mais elles semblent représenter aussi parfois le voyage des étoiles ou du soleil dans le ciel. |
Chez un peuple où une fleuve était la grande voie de communication et où le bateau était depuis les temps les plus reculés un des moyens de transport les plus utilisés, la barque ne pouvait quêtre transportée dans le domaine des dieux et du sacré. Le Soleil avait deux vaisseaux dessus la mer céleste, nefs cosmiques, ainsi le char du Soleil devient une barque ; le jour, le Soleil parcourt le ciel sur la barque méandjet, et pour sa traversée du ciel inférieur il emprunte la barque mesketet. Dans les cimetières des hautes époques, on a trouvé, flanquant certaines tombes princières, de une à cinq grandes excavations, souvent naviformes et conservant parfois les épaves dune embarcation. Près des temples solaires, les rois de la Ve dynastie avaient fait construire en pierre de grandes barques qui représentaient sur la terre la barque du Soleil. Par la suite, les dieux de caractère solaire, et plus particulièrement Amon-Rê, possédaient leur grande barque de bois, qui était placée dans une salle de la partie secrète du temple. Dans les processions , la statue du dieu était portée sur les épaules des prêtre, et sans doute on imitait le Voyage du dieu dans sa navigation céleste. Dans sa destinée solaire, le roi allait rejoindre Rê dans sa barque, et, lorsque les croyances funéraires eurent fait partager à tous les hommes cette destinée, on voit lâme du mort parcourir le monde nocturne dans la barque solaire et laider dans cette dangereuse navigation, où, comme sur le Nil, on rencontre des bancs de sable et des monstres, le crocodile étant ici remplacé par le serpent Apopis. Cest peut-être cette conception qui a poussé les Egyptiens à enterrer de grandes barques près des pyramides limmense barque en bois qui a été retrouvée près de celle de Kheops est prodigieuse, ou à en disposer dans les tombes un modèle réduit ; image symbolique, elle permettait au mort de sidentifier à Rê (identification qui reste de jure, doù il faut exclure toute conception de caractère panthéistique) ; ces barques pouvaient tout aussi bien servir au mort à naviguer sur le bassin de son jardin ou sur le Nil et avoir la même signification que les autres objets disposés dans la tombe ou que les scènes peintes sur les murs. Ces deux significations sont sans doute mêlées, mais peut-être la barque funéraire représentait-elle la barque sacrée dOsiris à Abydos (neshme), dans laquelle on voit le défunt naviguer vers Abydos pour rejoindre son dieu : « Puisse-t-il aborder en paix dans le bel Occident ! Que la montagne souvre devant lui et que le désert dOccident lui tende la main ! [ ] Quil lui soit dit : »Sois le bienvenu en paix ! » Par les grands dAbydos ! quon lui prenne la main dans la barque Neshme sur les chemins de lOccident et quil aille en paix en Abydos, à lendroit où se trouve Osiris.
En 1954, au pied du versant sud de la Grande Pyramide, deux fosses couvertes de dalles cyclopéennes furent inopinément repérées. Une a été solennellement ouverte : au fond était un navire à la poupe papyriforme, démonté avec ordre, mais complet depuis la carène jusquaux sparteries couvrant le pont. Et depuis, les experts du Musée Egyptien remontent à Gizeh même, pièce par pièce, cette barque longue de 40 mètres environ, étonnante coque faîte de morceaux de cèdre minutieusement ajustés et assemblés par des cordelettes.Des savants ayant suggéré que les barques ainsi enterrées dans la nécropole permettaient au défunt de sidentifier à Rê, on dit couramment « les barques solaires de Gizeh ». Mais dautres conjectures sont plausibles : barques pour se promener dans lautre monde, barques-catafalques perpétuant par leur présence la vertu des rites denterrement, barques pour aller se revivifier aux lieux saints Tous ces genres de bateaux sont en effet connus du rituel funéraire, et, dans lembarras du choix, mieux vaut parler pour linstant de la « barque de Kheops » (lautre fosse nest pas encore ouverte !) et souhaiter quune copie conforme de ce bâtiment doutre-tombe soit vide lancée sur le Nil, pareille aux belles unités l « lAme des Dieux », « lEtoile de lEgypte » - dont le prince-amiral Mérib dirigeait les croisières au nom de son père Kheops, il y a 4600 ans.
Ce n'est pas un livre à proprement parler. Il s'agit de textes cosmogoniques trouvés dans certaines pyramides et datés de la fin de l'Ancien Empire. Devenus des formules rituelles pendant la Première Période Intermédiaire et au Moyen Empire, ils furent aménagés et transcrits dans des sarcophages et leurs salles funéraires. Mais le livre des morts semble se développer particulièrement sous le Nouvel Empire sous forme d'incantations transcrites sur peau ou sur papyrus. | ![]() |
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Feuille fabriquée par les anciens Egyptiens à partir de lamelles minces détachées de la tige de cette plante, et collées les unes aux autres. Elles étaient utilisées pour lécriture. |
Papyrus conservé au musée de Turin. Le papyrus dit papyrus royal de Turin fut malheureusement très mutilé lors de son transport : il comporte 300 fragments. Rédigé sous Ramsès II (vers 1290 av. J.-C.), il présente une liste de tous les souverains ayant régné sur lEgypte : les dieux dabord, puis les dynasties humaines. Chaque règne est partagé en année, mois et jours ; un total est écrit à lencre rouge après chaque règne ; de place en place sont indiquées de grandes divisions historiques. Il y a une concordance avec lhistorien Manéthon pour lensemble des noms royaux, mais désaccord parfois en ce qui concerne le nombre des rois énumérés. Dautre part, le papyrus juridique de Turin permet de reconstituer (en même temps que deux autres papyrus) une affaire judiciaire qui a marqué la fin du règne de Ramsès III : un complot de harem.
Papyrus égyptien, conservé au musée de Berlin. Si le papyrus lui-même semble dater de lépoque Hyksos, le texte original est certainement plus ancien et doit remonter à la XIIe dynastie (vers 2000 av. J.-C.). Le début du texte manque. Il contient des contes merveilleux, des récits de prodiges effectués par des prêtres magiciens. | ![]() |
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Fragment dune dalle de diorite portant, en hiéroglyphes,
des annales royales, sétendant depuis les « serviteurs
dHorus »
(dynasties légendaires de la protohistoire) jusquau
pharaons de la Ve dynastie (3500 2500
av. J.-C. environ). Ce fragment important, se trouvant au
Muzeo Nazionale de Palerme, est communément appelé la
Pierre ou les Annales de Palerme. Dautres
fragments moins importants du même document (sans doute
une copie darchives royales) sont conservés dans dautres
musées. |
Stèle :
Dalle monolithique, couverte dinscriptions en général
hiéroglyphiques, accompagnée souvent de dessins coloriés
ou sculptées en relief. Les stèles peuvent être réparties en trois catégories. Les plus courantes sont les stèles funéraires ; placées dans les chapelles des tombes où elles établissent un lien entre le monde des vivants et celui des morts, elles sont souvent en calcaire, de forme rectangulaire, plus ou moins centrées à la partie supérieure et ornées de deux yeux, par lesquels le mort apercevait la lumière du jour. Dans cette catégorie on doit ranger les stèles dites « fausse portes » placées dans les mastabas, et reproduisant laspect dune façade et comportant une porte médiane par laquelle peut seul passer le ka (puissance immatérielle de lêtre) qui va chercher les essences subtiles des aliments, boissons et parfums disposés à son intention sur une table doffrandes. Cest par cette porte que le défunt entrait dans la salle du banquet accessible aux vivants, qui y apportaient leurs offrandes funéraires. Ce sont elles qui portent les autobiographies du défunt, son nom, ses titres et les grandes actions quil a accomplies, les formules doffrandes funéraires qui assurent aux justes un éternel festin dans lau-delà. Loffrande, de par la grâce du pharaon, est dabord faite aux dieux qui assurent ensuite la subsistance éternelle du défunt. Ces stèles saccumulaient à Abydos, où, ne pouvant avoir son tombeau auprès de celui dOsiris, chacun voulait y posséder son cénotaphe près de l « escalier du grand dieu » afin de participer à son immortalité, remplacé ici par une stèle où lon voit le défunt entouré des membres de sa famille. Pus tard, les stèles funéraires seront en bois stuqué et polychrome, telle celle du harpiste. |
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Les stèles royales étaient de plusieurs sortes. Ces monuments assez rares, peuvent être de grande taille. On les plaçait dans des lieux publics, les temples, les carrières ou les endroits suffisamment fréquentés pour que leur textes, commémorant des évènements important dun règne, soient en quelque sorte rendus publics. Le roi, placé sous la protection dun soleil ailé, fait loffrande à la divinité dans la partie cintrée de la stèle. Au-dessous, le texte hiéroglyphique raconte un mariage, un règne, des chartes dimmunité, des secrets, un fait darmes, une campagne de construction ou donne les termes dun décret. Dautres stèles étaient disposées aux confins dun nome ou aux frontières territoriales dune cité nouvelle ; par elles, le roi mentionnait sa fondation ou établissait les limites nouvelles dun nome. Les fouilles archéologiques ont rendu une quantité impressionnante de toutes ces sortes de stèles.