Les Villes d'Egypte

 

Gizeh : prononcer Guizeh. Basse Egypte, rive Ouest du Nil. Près de la ville moderne du Caire

Sur la rive Ouest du Nil, en face du Vieux Caire.Le bourg médiéval de Gizeh, juste en face du Caire, a beau être devenu une belle cité moderne, son nom restera surtout célèbre de par le monde parce qu’il sert depuis longtemps un vieux site du désert occidental. On parcourt huit kilomètres sur une route confortable, dans un autobus fringant, jusqu’au pied abrupt du plateau calcaire. Là-haut s’étendent celles qu’on voyait depuis le départ : les Pyramides de Kheops, Khephren et Mykérinos, alignées du Nord-Est au Sud-Ouest, en ordre chronologique et par taille décroissante. Elles avaient reçu des noms qui révèlent l’emprise de la religion solaire et de la destinée solaire du roi : « Horizon de Kheops », « Grand est Khephren », « Divin est Mykérinos ». La perfection de l’architecture pyramidale est atteinte dans ces trois monuments, aux proportions jamais égalées depuis.

En contrebas, le Grand Sphinx s’allonge au bord du limon, derrière un hameau de Bédouin très mondains, lequel succède à l’antique « Maison d’Osiris » dont les habitants gagnaient monnaie en escaladant les Pyramides sous les yeux des touristes gréco-romains. Entre les « merveilles du monde », des mastabas innombrables, formant des rues bien régulières, couvrent la périphérie sablonneuse. Ce sont les tombes des nobles de la IVe dynastie et celles des générations qui vécurent en ce lieu jusqu’à la fin de l’Ancien Empire. Ce vaste cimetière est sans doute le mieux connu de toute l’Egypte, non seulement des promeneurs au clair de lune, mais aussi des chercheurs, car si l’on excepte quelques îlots comme celui dont la barque solaire de Kheops émergea inopinément, son sol a été presque entièrement fouillé par les missions autrichiennes, italiennes, américaines et égyptiennes qui s’y succédèrent.

Meidoum : Moyenne Egypte, rive ouest du Nil. A l'est du Fayoum, un oasis occidental s'étendant parallèlement au Nil

Village d’Egypte au sud de Gizeh. Une pyramide à degrés, probablement élevée par le pharaons Houni (IIIe dynastie), a été ensuite remaniée en pyramide régulière par Snéfrou (IVe dynastie). Les mastabas de la nécropole environnante ont livré de précieux témoignages de l’époque, dont les célèbres oies et le groupe funéraire du prince Rahotep et de sa femme Nofreit (musée égyptien du Caire).

Memphis : Moyenne Egypte, rive ouest du Nil. Ancienne capitale de l'Egypte dédiée au dieu Ptah

Cité de l’Egypte ancienne, à 35 kilomètres au Sud du Caire. Le terme de « Memphis » est la prononciation grecque de l’expression égyptienne Mn-nfr (Pépi) nom de la « Ville de pyramide » de Pépi Ier troisième roi de la VIe dynastie. Ce n’est donc pas le nom le plus ancien de la ville, qui, depuis Narmer, s’appelait Mur Blanc. C’était, au moment de sa fondation, une résidence royale, administrative et militaire, dont la position, un peu en amont de la tête du Delta, permettait de surveiller également les deux moitiés de l’Egypte ; la ville fut la capitale du royaume d’Egypte durant tous l’Ancien Empire. Au Moyen Empire, les premiers rois thébains se construisirent une autre résidence plus au Sud, près du village actuel de Meidoum.

Cependant, Memphis était devenue une ville importante, et le temple de son dieu local (Ptah) exerçait une influence égale à celle de d’Héliopolis. Les rois du Nouvel Empire résidèrent à Thèbes même, puis à Tanis dans la partie orientale du Delta. Mais les Ramessides firent beaucoup pour Memphis et pour l’éclat du culte de Ptah ; la ville devint aussi un grand centre industriel et un chantier de constructions navales. Les monuments principaux étaient les temples d’Apis et de Ptah, et le Serapeum. La ville, populeuse et cosmopolite, comprit des quartiers et des souks réservés au commerce étranger. Memphis resta la plus grosse cité indigène aux temps des dominations étrangères. La fondation d’Alexandrie, puis l’invasion des Arabes et la fondation de Fustat (le Vieux Caire) donnèrent le signal de sa décadence.

Saqqarah : Moyenne Egypte, rive ouest du Nil. Un peu au sud de Gizeh, région desertique à l'ouest de Mit-Rahineh.

Village d’Egypte au Sud du Caire, sur la rive ouest du Nil, à l’emplacement d’un faubourg de l’ancienne Memphis, consacré au dieu Sokaris. C’est le site de la plus vaste nécropole de l’ancienne Egypte, longue de près de huit kilomètres, et installée sur le plateau de la chaîne libyque. Des créations de toutes les époques de l’art pharaonique y ont été décelées. C’est là que furent découverts les tombeaux des premiers pharaons, notamment celui de Aha, second souverain de la Ire dynastie. Parmi les monuments de l’Ancien Empire, le plus important est le vaste complexe funérairede Djoser (IIIe dynastie), dont l’archéologue J. Ph. Lauer dirige depuis cinquante ans la restitution.

Un mur d’enceinte à bastions et redans, orné de la célèbre frise des cobras et scandé de quatorze simulacres de portes fermées, ceinturait les 15 ha de l’ensemble qui comprend, au centre, la pyramide à degrés enfermant, à 28 m de profondeur, le tombeau du souverain et ceux de sa proche famille, la colonnade d’entrée aux belles colonnes fasciculées, plusieurs sanctuaires annexes, la cour du temple du heb-sed (fête jubilaire du roi), les Maisons du Sud et du Nord.

Citons parmi les autres monuments : l’ensemble funéraire de Sékhem-Khet, la pyramide d’Ounas (Ve dynastie),où furent inscrits les premiers textes des Pyramides, le mastaba-Faraôun ou tombeau de Chepseskaf (IVe dynastie), les pyramides d’Ouserkaf (Ve dynastie), de Téti et de Pépi II (VIe dynastie) et de nombreux mastabas aux reliefs et aux inscriptions du plus grand intérêt artistique, notamment ceux de Ti, de Nébet, de Nehou, de Nefer et de Ka-Hay, de Merérouka, de Kagemmi, de Ptahhotep, de Akhet-Hotep et de la princesse Idout. C’est dans la décoration de ces mastabas que le génie de l’art de l’Ancien Empire s’exprime avec toute la sève et tout l’amour d’une civilisation jeune, puissante, empreinte de joie de vivre.

La nécropole de Saqqarah ne fut jamais abandonnée, mais l’on connait moins les constructions du Moyen et du Nouvel Empire, dont les vestiges sont pourtant abondants, notamment la très belle tombe du général Horemheb, qui devait succéder à Akhenaton. Les époques tardives sont illustrées par les tombeaux d’époque perse creusés au fond d’un grand puits ,les tombes ptolémaïques, l’hémicycle des poètes et des philosophes, datant du règne de Ptolémée Ier Sôtêr, et, surtout, par le Serapeum, qui abritait dans ses galeries souterraines d’imposants sarcophages destinés aux dépouilles des taureaux Apis.